E L  P A I S A J E  C O N M O V I D O - Erika Breton - 2017

M Á S  A L L Á  D E  L A S  I M Á G E N E S - Andrés Girela Baena - 2016

M O V I M I E N T O S - Eric Barbier - 2015

L A  D A N S É E  T O U R N U Y A N T E - Alain Raguet - 2015

É D I T I O N S  R A F A E L  D E  S U R T I S - Paul Sanda - 2012

C V




M O V I M I E N T O S - Eric Barbier

I

Un monde s’achève au faîte de chaque arbre
la forêt mouvementée témoigne de l’impatience originelle
le tremblement du regard certifie la vision
par la permanence des éléments
la stabilité des devenirs
l’illusion est dépassée
alors
chaque pas est une promesse celle
de ne plus éloigner son errance
en des lieux indifférents.

II

Le corps entier du tableau
images où le mouvement se fait lumière
par la grâce d’un très précis vacillement.
La danse des arbres ou
la danse de chaque arbre.
Ici,
nous ne savons pas où nous sommes
et ce qu’en signifierait la connaissance
voici le sud pourtant
vers lui se destinent nos éblouissements.
Les arbres n’ont pas à supporter nos noms et
pour le ciel distillent leurs encres
dans une permanente inauguration.

III

Par le regard offert devenir le jour qui,
clarté limoneuse, coïncidence sereine,
donnera naissance à un autre jour
naître et dénaître.
Ce qui est dit par l’action de la beauté
ce qui est donné à voir
ne prendra aucun visage.
La forêt connaît de longs voyages
dans les migrations du temps
cette danse dit juillet ou novembre
dans ses ordonnances arborées
un rythme qu’aucune croyance n’impose
si personnelle éternité qu’incarne la mêlée
du ciel et des ramures.

IV

La nuit ne rôde pas dans ces forêts
le jour lui aussi se divise
ciel saturé de lueurs marines
grandeur que la fiction de la neige désoriente
donc
vagissant comme l’océan qui se devine nuage
pour mieux épouser les verticalités de ce songe
et affranchir le geste.
Majesté des cillements
la forêt scintille comme un fleuve incendié
conversation du silence qui inspire
la chorégraphie de l’immuable.

V

Ici, aucun monde n’est déclaré
tout provient d’un besoin plus vital
la tempête est l’invitée de ces parages
le vent représente une permanence.
Ici, le geste du regard éclaire un peuple de témoins
et rassemble les indices indiquant la possibilité d’une existence
d’un tremblement secret qu’on ne devine pas à travers des larmes
accueillir le plus extrême de la vie
le plus sensible
et nous ne pourrons le dire
sinon autant tenter de séparer le feu
de ces essences consumées par une lumière intérieure.

VI

Arbre-mouvement
la danse convoque
symboles et
signes
et vous voudriez retrouver l’évocation du mystère dans ce qui témoigne d’une grande fidélité
au vivant ?
Ici, on doit rêver ses origines
ériger le lendemain des illusions
ne pas s’abandonner se quitter enfin
être parcouru par cet embrasement des cieux
se déprenant de leurs alliances par
l’incandescence d’une étrange et neuve sagesse
reprendre force s’élancer
ce qui n’a pas de mots permet leur naissance.

Eric Barbier